EXPOSITION WANDA SKONIEZCNY
BONNE ANNEE!
A VOIR ABSOLUMENT
EXPOSITION WANDA SKONIEZCNY A SAINT-RAPHAEL
L’exposition est ouverte jusqu’au samedi 4 février 2012 salle Raphaël – Centre Culturel
LIN ÉTERNEL
EFFACER LA SEPARATION
- En photographiant, j’ai toujours cherché à effacer la séparation d’avec mes modèles. Ne pouvant me réduire à la perte, je triture l’image en la faisant passer de supports en supports textiles, en la tissant ou en la déployant dans l’espace.
- Aux longs temps de pose passés à photographier, s’additionne le temps de l’après. Un temps précieux où les modèles imprimés sur les tissus cherchent à reprendre corps, s’apprêtant à se présenter au public, tels quels, pour un nouveau face-à-face. Un temps où je suis dans l’image devenue peau, ventre… Organique.
- À la recherche d’un lien en continu… ombilical.
- À la recherche du temps perdu (Proust).
CONSERVER
Grâce à cette recherche spécifique sur la matière textile lin,
je me confronte à la problématique du temps et de sa conservation.
- Du saint suaire de Turin présentant l’empreinte du Christ sur un drapé aux momies égyptiennes enveloppées de bandelettes de lin, en passant par les vanités, etc, je recherche la répétition de ces problématiques dans nos représentations contemporaines.
- Je soulève humblement la question « d’éternité ». Au travers de cette matière fragile et rugueuse parfois, de la frêle fleur bleue aux écheveaux qui serviront au tissage de lourds draps que les familles gardent toute leur vie comme un patrimoine –, le lin est révélateur d’antagonismes, de tensions entre éphémère et durabilité
- En rencontrant les cultivateurs de lin normands, je retrouve ces ambivalences. Face à une culture qui était sur le point de disparaître. J’ai été touchée par leurs capacités à s’unir pour que se transmette cette passion de père en fils. Se prêtant ici à la pose, ils m’ont spontanément confié des objets précieux liés à leurs activités, comprenant les filiations permises par la photographie.
SACRÉS
Avec cette recherche j’interroge la relation aux modèles. Est-il possible de conserver les relations ? L’acte créatif peut-il effacer la perte ?
Implacablement et malgré nos attachements, nous sommes spectateurs de notre perte. Malgré les liens que nous cherchons à consolider toute notre vie – de la naissance au mariage en passant par la communion –, nous sommes implacablement destinés à notre fin. Ce sont ces instants forts que je cherche à relier. Grâce à la photographie, aux précieuses dentelles de lin que j’ai pu découvrir, c’est tout naturellement que les canivets se sont imposés à moi. Non pour leur charge religieuse mais pour suivre et célébrer avec eux les grands instants de la vie.
CANIVETS
Ces images évidées, analogues aux effets de broderie, ces images découpées finement au canif, je les collectionne et les tisse avec la photographie.
Ce sont mes parents collectionneurs – et en particulier les travaux d’embossage de ma mère les reproduisant avec une infinie patience – qui ont motivé mon attirance pour ces précieuses cartes de dentelles aux effets de relief .
Avec elles, j’encadre nos liens solennels, tout en cherchant à les prolonger.
Je cherche à déborder l’image en tentant d’effacer les ruptures.
De la Normandie à la Bretagne, je poursuis ma quête d’arborescences entre les modèles, en espérant toucher les cœurs un peu plus loin.
d’amour
florissant
bleus
roux
plient
puis filent
lassés
blanc passe au noir
et plus rien
…
graines II
pailles
fil(s)
se tissent
serrés
en fragiles dentelles
brodées
prolongées
chaînettes
éternellement